Dans quelques jours, minicap va participer à une petite expérience scientifique sur le développement du langage des bébés. Je l’avoue, cela m’émoustille. Lorsqu’on m’a contactée, j’ai tout de suite accepté. Peut-être que de vieux souvenirs de mes cours de psycho sont revenus à la surface, toujours est-il que je trouve le sujet passionnant et je serais contente que ma puce contribue à la recherche, du haut de ses 16 mois et de ses mots balbutiants.
Depuis quelques temps, déjà, minicap prononce des mots intelligibles et chaque jour apporte son lot de nouveautés. La question qu’on peut se poser c’est de savoir à quel moment exactement commence le travail d’acquisition du langage. Est-ce à partir du moment où l’enfant prononce des mots. ? C’est ce que pensaient les scientifiques, à une certaine époque, si on en croit l’article d’Annette et Kyra Karmiloff-Smith, intitulé comment s’acquiert le langage ?
Pourtant, si j’en crois l’évolution de minicap, elle a semblé comprendre certaines demandes bien avant de prononcer des mots intelligibles, elle est aussi passée par bon nombres de sons, de babiles et vocalises avant de prononcer quelque chose de compréhensible pour nous.
D’après les auteurs de cet article, l’aquisition du langage se fait dès la vie intra-utérine. Dès 20 semaines de gestation, le foetus peut entendre. Qu’entend-il ? Les bruits corporels de sa mère, les battements de son coeur mais aussi la langue parlée autour de lui.
Dès le 6ème mois de grossesse, le foetus analyse ces sons extérieurs, il se familiarise avec la voix de sa mère et analyse aussi ses intonations de voix. Il devient sensible aux éléments rythmiques de sa future langue.
Enfin, les trois derniers mois de la grossesse, il passe le plus clair de son temps à écouter sa mère. » Durant les trois derniers mois de sa vie intra-utérine, le foetus est très occupé à écouter les conversations de sa mère, ce qui constitue une préparation très importante à sa vie dans le monde extérieur. Doté d’une certaine expérience de la perception des sons du langage, le nouveau-né arrive au monde, disposé à accorder la plus grande attention aux paroles des humains, et en particulier à la voix de sa mère. Ces expériences intra-utérines précoces préparent le nouveau-né aux stimulations linguistiques, et l’on peut, par conséquent, estimer qu’elles jouent un rôle important dans le processus d’ensemble du développement du langage. » Cette écoute permettrait donc au bébé d’être un minimum préparé au monde extérieur et à être, en tous les cas, disposé à en appréhender la vie linguistique.
Des recherches très pointues permettent aujourd’hui d’avoir une idée de ce que le foetus entend dans le ventre de sa mère, mais aussi de l’impact que ces sons peuvent avoir sur le nouveau-né. Je ne peux m’empêcher de me demander ce que minicap a perçu durant le 7ème mois et le début du 8ème mois de grossesse. En effet, pendant cette période, je travaillais, je parlais très fort en classe, parfois même je criais pour séparer des bagarres entre élèves violents. Quand j’y repense, je culpabilise à nouveau d’avoir partagé tout cela avec mon bébé en devenir … Qu’en a t-elle perçu ? Qu’a-t-elle compris ?
Toujours d’après ces auteurs, bien avant de prononcer des mots, les bébés savent que ceux-ci se réfèrent à des objets, et avant l’âge de 2 ans, ils savent que l’ordre des mots a une importance capitale concernant la signification de ce que l’on veut dire.
Tout un processus complexe commence donc dès la grossesse pour se poursuivre tout au long de l’enfance et de l’adolescence. Quand on pense aux progrès que font nos enfants entre les premières vocalises, et leur capacité bien plus tard à accèder au langage d’évocation (parler d’un évènement qui a eu lieu) développé à l’école maternelle, ou au métalangage (la capacité de décrire le langage, en grammaire par exemple) développé quant à lui à l’école élémentaire puis au collège, il y a de quoi être fasciné et les questions restent nombreuses.
La suite de l’article évoque les différentes théories sur l’acquisition du langage comme étant innée ou acquise, même si les deux idées sont nécessairement présentes, des divergences existent sur l’importance de l’une et de l’autre. Mais ceci est une autre question.
Ce billet est ma contribution au blog collectif des vendredis intellos.