Mes parents ont trimbalé leurs valises à droite, à gauche de la planète, assez souvent pour ne plus compter les déménagements, les tris, les rangements approximatifs et les remises à niveau. Aussi, ils se sont encombrés de peu d’objets de notre petite enfance à mon frère et moi. Rares sont les cahiers, les jouets et encore plus les vêtements qui ont survécu à ces 30 dernières années. C’est pourquoi, cette petite robe taillée pour un bébé, noire et toute perlée a une valeur particulière à mes yeux. Tout d’abord parce qu’elle est un vestige rare du passé, puis parce qu’elle a cette particularité toute exotique de témoigner d’une enfance dans des contrés lointaines.

Cette petite robe est restée au fond des placards bien des années. Mes parents l’ont achetée pour moi, en Afghanistan où ils ont vécu avant et après ma naissance. Les breloques ne tiennent plus très bien, elles ont perdu de leur éclat, le pantalon orange qui allait avec a disparu mais la robe en elle-même est toujours là et tombe parfaitement sur ma Petite R qui a eu 11 mois la semaine passée.

Aujourd’hui, c’est le sourire aux lèvres que je regarde ma jolie puce qui me ressemblait tant à sa naissance et qui est aujourd’hui un bébé bien plus gracieux que moi au même âge. Ma petite parisienne vêtue de cette robe que j’ai moi-même portée il y a de cela trois décennies, dans un autre pays et sous un jour totalement différent. Je me demande ce que je transmettrai de ma propre histoire à mes filles, tout en sachant que cela passera certainement par des petites choses, des détails comme cette robe. Puis, enfin, ce qui compte ce sera leur propre histoire à elles, que notre famille construit chaque jour à sa façon.

Enfin, je regarde ma Petite R et je me dis surtout qu’elle lui va drôlement bien cette robe afghane !

Moi, en 1983, avec ma nounou … oui j’ai une drôle de tête mais ça s’est arrangé avec le temps … ou pas :p