Nous sommes partis à Montpellier pendant nos vacances. Sur le trajet en train, j’ai observé les changements de végétation au fur et à mesure de notre descente vers le sud du pays. Nous sommes passés des contrées verdoyantes, aux champs foisonnants et vaches éparses à des paysages couleur ocre, des vignes et des oliviers en guise de flore.
Je ne m’en cacherai pas, j’ai à chaque fois une pointe d’émotion lorsque je retrouve des terrains plus arides beaucoup plus proches de mes souvenirs d’enfance que la grisaille et l’humidité parisienne. Car j’aime les petites rues étroites qui cachent la lumière parce que celle-ci éblouie trop, j’aime les palmiers, les plantes des climats arides et les dégradés orangés des murs. J’aime sentir le soleil sur ma peau et le vent de la mer qui vient adoucir cette sensation et j’aime les plaisirs nichés dans les heures d’accalmies après la rudesse du midi au soleil : la fraîcheur du soir sous les arbres, la douceur des soirées d’été.
Ce que j’aime par dessus tout c’est le contact avec l’eau, pas seulement celui de la mer et des baignades, mais aussi celui de l’eau au quotidien. Nous avions une petite cour dans notre appartement montpellierain , une cour remplie de plantes que j’ai arrosées régulièrement. Et c’est là que j’ai réalisé que c’était une des choses que j’aimais le plus dans ces endroits, ce contact permanent avec l’eau, comme si on s’en fichait, comme si de toute façon tout séchait si vite que peu importait d’avoir les mains, les pieds, le sol trempés. J’ai aimé traîné dans cette petite alcôve, cette vie du dehors où on peut peut être à peine vêtu.
Lorsque nous nous sommes promenés au jardin des plantes de la ville, cela m’a fait l’effet d’une madeleine de Proust : la terre, les plantes, la lumière, j’ai eu l’impression, quelques instants, de retrouver les sensations de mon enfance en Egypte. Une impression fugace mais qui me remplit toujours de joie. J’ai retrouvé les petites fleurs colorées que je cueillais allègrement pour les enfiler sur des brindilles et la nonchalance des chats vautrés dans l’ombre.
Il m’arrive bien souvent de regretter de ne pas vivre dans un climat plus ensoleillé. Après tout, la première chose dont je me rappelle de Paris c’est le froid et les lumières tristes des réverbères. A chaque fois que je retourne dans le sud de la France ou dans des pays méditerranéens, je me sens dans mon élément, les pieds nus et les mains dans l’eau …
Je trouve ça fou comme nos impressions d’enfance nous marquent profondément, même quand on les oublie, elles se rappellent à nous quand on ne s’y attend pas. Je me demande alors ce qu’il restera des souvenirs de mes filles entre notre vie quotidienne à Paris, et leurs vacances à la mer, que leur restera-t-il ?
Tous ça ne nous rajeunit pas ! Car ce côté nostalgie fait mal au cœur et en même temps nous rafraîchit la mémoire d’une tendre enfance