Il y a celles qui nomment, celles qu’on colle sur les bocaux de confiture, celles jolies sur le cahier tout neuf arborant le nom du propriétaire. Il y a celles qu’on garde pour soi, celles qu’on attribue sans y réfléchir, celles qu’on ne peut pas s’empêcher de coller sur le front des autres, celles qui font mal, celles qui font plaisir, celles qui sont fausses mais auxquelles on ne renoncent pas. Il y a celles qu’on se colle à soi-même à l’encre indélébile, celles qui grattent la peau, ou qui laissent une trace à force d’être arrachées. Il y a celles qui nous font sourire, celles qui nous rendent fiers. Il y a toutes ces étiquettes un peu partout dans notre monde.
Celles de la vie, qu’on colle comme pour se rassurer. Au début, elles permettent de nommer, mettre des mots sur soi qu’on ne comprend pas : « Oh mais moi j’ai un fort caractère ! » comme pour dire qu’on existe. Puis il y a celles qu’on met sur les autres qu’on ne comprend pas mieux, ça fait du bien de définir, parce qu’au fond sinon tout est angoissant. Alors « Lui c’est un rigolo ! » ou « C’est une grosse fêtarde, celle-là ! » ou les « Elle ne pense qu’au travail ! » sont autant de phrases qui nous mettent à l’aise.
Puis devant eux, nos enfants, si petits, si malléables, devant leurs comportements parfois inexplicables, c’est facile de les coller ces fameuses étiquettes. « Non mais lui c’est un bagarreur ! » ou les « c’est une grande timide ! » affluent.
Les pires, ce sont ces étiquettes qu’on se colle tout seul, pour la vie, celles qu’on a entendues depuis toujours et qu’on a fini par s’approprier qu’elles soient vraies ou non d’ailleurs. C’est sur, nous avons tous nos traits de caractère, notre personnalité. Mais nous sommes tous si multiples. La timide au travail, peut s’avérer être une grande gueule dans l’intimité, et vice versa. Le grand sociable, aimable et gentil en public peut s’avérer être un gros égoïste dans la sphère familiale. Les grands émotifs peuvent s’avérer très cérébraux devant une tâche précise, les hésitants dans leur vie amoureuse, peuvent être implacables dans le domaine professionnel et les sportifs comme une lampe peuvent se montrer incroyablement toniques … bref, nous sommes tous multiples.
Et pourtant, qu’est-ce qu’on aime les coller ces étiquettes un peu partout, et dès le plus jeune âge. Je suis la première à le faire, notamment avec mes filles. Je n’arrête pas de me dire de ne pas le faire, de ne pas stigmatiser, alors je ravale ma langue et garde mes pensées pour moi ou pour Barbe de 4 jours. Je garde dans un coin de ma tête comme un leitmotiv cette phrase « tu ne peux pas savoir ! » et je me dis qu’elle seront ce qu’elles voudront être et surtout elles seront aussi magnifiquement multiples que nous tous.
Magnifique article! Merci! C’est vrai qu’on en colle partout, sans vraiment y penser et que parfois, à la longue ce sont elles qui nous collent à la peau et dont on a du mal à se débarrasser.