Il y a 6 ans, lorsque j’ai su que j’attendais une fille, j’ai eu beaucoup d’interrogations. Parmi elles il y avait la question de la transmission d’une certaine idée de la féminité. Ce n’était pas quelque chose d’évident pour moi. Petite, j’ai longtemps eu un comportement de garçon manqué, plus grande, je ne me suis pas vraiment sentie épaulée sereinement sur le chemin de la féminité. Etre trop coquette revenait à être superficielle, ne pas l’être assez revenait à ne pas correspondre à une norme. J’ai mis du temps à trouver ce qui me convenait : un juste équilibre loin des clichés sur le sujet. Toujours est-il qu’en apprenant que j’allais avoir une fille, j’ai su que très vite je voudrais pallier les manques que j’ai connus en essayant de transmettre tout ce qu’une femme pouvait transmettre à une autre en devenir. Le tout sans tomber dans l’excès.
Je ne pousse pas mes filles à aimer davantage des jouets dits de filles ou à faire des activités dites de filles. Quand Barbe de 4 jours a offert un ensemble de foot à sa fille, j’ai été ravie, encore plus quand la puce a parlé de faire du foot. Par dessus tout, je m’évertue sans arrêt à dire à Minicap qu’elle peut être ce qu’elle veut, qui elle veut dans la vie, que d’être une fille n’est pas un frein. Je tente de faire tomber les barrières des carcans sociaux, en passant par des choses anodines du quotidien. Non ce n’est pas nécessairement à la femme de faire le ménage ou à l’homme de conduire la voiture. Je tente d’éviter les évidences toutes faites qu’on nous inculque depuis toujours afin que mes puces en sortent sans a priori et surtout avec une certaines idées de l’égalité, notamment au sein du couple.
Mais au milieu de tout ça, je tente d’amorcer une transmission féminine. Cela passe par beaucoup de petites choses superficielles et plus tard, j’en suis sure cela passera par des conseils avisés. Pour l’instant, je me contente de jouer la corde de la coquetterie. Je suis encline à acheter des jupes et robes à mes filles, je leur achète des petits nœuds et barrettes mignonnettes, j’essaye de leur donner le goût de la coquetterie dans une juste mesure, et ainsi j’aime les voir s’émerveiller et poser des questions lorsque je me maquille. Je leur dis qu’elles sont belles, et je veux leur donner le goût de prendre soin de soi, pour leur donner confiance en elles.
C’est donc avec un sourire aux lèvres et l’œil malicieux que j’aime voir mes deux poulettes se faire toutes belles, apprécier de faire virevolte leur jupe et arborer de jolis serre-têtes. J’aime par dessus tout entendre Petite R de sa petite voix et à la diction peu assurée clamer « Trop be ! » ou devrais-je dire « trop belle ! » en parlant d’elle-même ou de sa sœur. Et parce que cela s’accompagne d’une bonne dose d’inventivité et de créativité, et surtout de bonne humeur, je me dis que pour l’heure, mes petites filles poursuivent plutôt sereinement leur bonhomme de chemin.
👏👏👏
je me pose pas mal de question là dessus aussi. Ca été critique pour moi de l’entendre dire « belle » uniquement en rapport avec des choses traditionnellement féminines, les jupes, les barrettes, le rose. Je pense qu’on a trop tendance à dire à une petite fille qu’elle est belle par rapport à ce type atours là. Je ne peux pas contrôler les autres (la famille, la nounou, les copines, ca va vite) mais j’y fait maintenant bien attention, j’aimerais qu’elle voit la beauté peut importe les vetements. Mais c’est une question vraiment difficile pour moi. Quand elle m’imite à me maquiller, quand elle pique mes chaussures à talon ou mes bijoux ca me fait mal, j’aimerais empecher qu’elle assimile si tôt cette feminité.
Comme pour beaucoup de choses, je dirais que c’est une question de dosage.