3 ans de double maternité, 3 ans d’une vie à 4 bouleversée, mouvementée autant que riche et complète. Une sage-femme m’avait dit qu’il fallait trois ans pour se remettre d’une naissance et j’acquiesce encore aujourd’hui.
A titre personnel du moins, je dois bien mettre 3 ans environ pour retrouver un semblant de conscience neuronale optimum, 3 ans pour me détacher un peu plus de mon rôle de mère et à profiter aussi du reste. Certains trouveraient ce temps long, et peut-être pas si proche de la réalité car bien entendu, je n’ai pas attendu les 3 ans de ma petite dernière pour sortir seule ou avec mon homme, travailler ou même voyager sans ma progéniture, non. Mais je mets bien environ 3 ans à sortir ma tête, mon esprit d’une conscience à 80 % occupée et dévouée à ma fonction maternelle. Aujourd’hui, je peux le dire, tout en restant ma priorité la majeure partie du temps, la culpabilité m’accompagne beaucoup moins, lorsque mes enfants ne le sont temporairement plus.
Au titre un peu plus large de notre petite famille, je ne serais pas en mesure de dire que l’on met bien 3 ans à se remettre d’une naissance, car je ne suis pas bien sure que nous ayons trouvé au sein de la notre un équilibre parfait, depuis la naissance de Petite R. Alors oui par rapport à nos débuts chaotiques, il serait mensonger d’affirmer que chaque membre n’ait pas trouvé sa place, mais je ne m’en cache pas, le quotidien peut parfois être dur avec plusieurs enfants. Un ou plusieurs, c’est toujours un vrai challenge, tant chaque petit être apporte son lot de surprises, à son arrivée.
Je crois avoir bien minimisé l’impact de la naissance de Petite R sur nos schémas familiaux, même si je n’ai jamais caché les difficultés rencontrées par Minicap, qui s’est sentie fragilisée par l’arrivée de sa petite sœur, il y a 3 ans. Mais si les relations se sont apaisées avec la croissance de Petite R, notamment avec la complicité grandissante entre mes désormais inséparables, que le quotidien reste semé d’embûches !
Chaque famille a ses propres schémas de fonctionnement, conscient ou non. Ces schémas impliquent des répétitions de comportement dans les liens qui se tissent entre chaque membre d’une famille. Ils ont des conséquences plus ou moins positives ou négatives sur l’équilibre de chacun. Je crois que lorsqu’elles sont négatives, qu’on en souffre, prendre conscience de ces schémas permet de faire la moitié du chemin vers un apaisement personnel. On se rend vite compte que cela est l’affaire de tous et pas seulement de sa petite personne, et qu’en gros pour schématiser, une seule personne n’est pas responsable de tous les maux, mais chacun y a sa part et chaque adulte y a sa responsabilité.
Une chose est sure pour moi, ces schémas de fonctionnement prennent toute leur importance à partir du moment où l’on est plus de 3. Toutes sortes de liens se tissent au sein de la fratrie, entre les parents, entre chaque parent et chaque enfant et les combinaisons sont multiples. Depuis 3 ans maintenant, nous naviguons un peu à tâtons. Nous passons parfois des moments de pures grâces familiales où tout baigne, où tout est harmonieux entre nous 4, à des moments beaucoup plus compliqués et conflictuels, avec l’une des deux, les deux en même temps, entre elles, entre un parent et l’une ou un parent et l’autre … Bref, il y a du choix dans nos « enguirlandages » !
L’équilibre évolue, il est fragile. Petite R et Minicap ont une relation de sœurs passionnelles, elles s’adorent autant qu’elles se déchirent. Elles peuvent jouer des heures ensemble, s’attendre, se languir l’une de l’autre puis se chamailler, se taper dessus et se crier dessus dans la minute suivante. De notre côté, nous autres adultes, ne sommes pas en reste. Il nous arrive régulièrement de laisser aller notre colère vis à vis de l’une ou l’autre de nos puces. Nous n’en sommes pas forcément fiers, mais quand arrivent la fatigue, le stress et la gestion de la jalousie et des sentiments irrationnels, rien n’est plus facile que de se laisser emporter par l’énervement. Certains jours, remplis de toutes ces petites choses négatives, Barbe de 4 jours et moi nous regardons et nous nous demandons ce que l’on va bien pouvoir faire …
Puis, parfois, on ne comprend tout simplement pas. Les comportements sont parfois complexes à expliquer, et l’irrationnel, du moins apparent, semble prendre le dessus. Alors difficile d’avoir la bonne réaction, d’être à l’écoute, face à un enfant jaloux, triste ou déçu qui l’exprime par des biais divers et jamais directs. Difficile de contenter tout le monde quand on est 4.
Mais le bonheur de la vie familiale c’est aussi cet incroyable aspect terre à terre, cette vie quotidienne qui emporte tout. Alors nous vivons au jour le jour, et forcément le suivant apporte son lot de joies à 2, 3 ou 4. Quand le soleil est au beau fixe, nous rions aussi de nos déboires, on se moque de nous-même et on rit de toutes ces petites choses à la fois agaçantes, mais aussi profondément attendrissantes qui font de nos filles des êtres uniques. Bref, on se dit qu’on s’aime, et c’est déjà pas mal. Le plus beau dans tout ça, c’est cette vie partagée : le quotidien mais aussi nos découvertes, nos discussions, nos dégustations, et les moments plus extraordinaires aussi. Tout cela partagé, et vécu à 4 avec tout ce que la personnalité de chacun peut apporter de sincère et unique.