J’ai pensé à ce billet sur le fauteuil de mon dentiste, il y a peu, alors que je grimaçais méchamment pendant qu’on me triturait la gencive. J’avais mal, cela faisait longtemps et soudain je me suis rappelée, je me suis rappelée que depuis un an et 3 mois mon rapport à la douleur avait changé.
Il a changé doucement, par à coups. Avant ma grossesse, j’ai toujours appréhendé mon corps comme un simple support, j’évitais la douleur, et en même temps n’ayant jamais été vraiment malade je ne l’avais pas réélement vécue. J’avais aussi une trouille bleue des hopitaux et de tout ce qui est médical … tu entrevois la nouveauté qui m’attendait ?
Il y a un an et 3 mois, j’entamais mon deuxième mois de grossesse, je jonglais entre travail éreintaint, nausées permanentes et vomis. Je me souviens avoir dit à barbe de 4 jours « Le prochain on l’adopte ! » Je n’en pouvais plus. J’ai aussi découvert la joie de se faire picouser régulièrement, moi qui frôle l’évanouissement à la vue d’une seringue. Pour agrémenter le tout, j’ai du gérer des soucis supplémentaires pendant ma grossesse qui m’ont conduite à me faire picouser 4 fois en une semaine pendant mon 6ème mois de grossesse … que du bonheur surtout quand l’une des picouses me fait un mal de chien pendant 3 jours.
Il y a 9 mois, j’avais si mal au dos que je pouvais à peine poser le pied par terre.
Il y a 8 mois, je ressentais des contractions de temps en temps, dans le métro, dans mon lit, pendant que ma meilleure amie essayait sa robe de mariée. Des contractions un peu douloureuses, vaguement. « Ce n’est que ça ?! »
Il y a 7 mois et 3 semaines, je me suis réveillée en sursaut de ma petite sieste digestive (nostalgie, je t’aimais sieste digestive), « purée ça fait un peu plus mal que d’habitude ! » Et ça a continué pendant plusieurs heures, ça va je gère, ça monte, mais je respire, ça va. Puis je dois vivre cette douleur dans le métro car mini capuchon a décidé de naître un jour de tempête de neige, la capitale est bloquée. Une dame dans le métro me demande si c’est le moment « Non parce que je vous vois devenir cramoisie ». Oui, c’est pour bientôt !
3h plus tard, à la maternité, je sens une tension immense comme un grand « clac » dans le bas du ventre, quelques instants plus tard, je perds les eaux et là la VRAIE douleur commence. Une douleur que je n’imaginais pas, une douleur qui me fait penser que je n’y arriverai jamais. On me fait une perfusion, je trouve le moyen d’avoir peur de la picouse entre deux contractions … absurde ! J’ai tellement mal que je vomis, deux fois.
2 h plus tard, on me pose une péridurale, j’ai peur d’avoir mal mais ça ne me fait rien. Je suis soulagée mais au bout de 20 minutes, elle ne marche plus complètement et j’ai à nouveau mal.
1h30 plus tard, c’est LE moment, ma fille est entrain de naître, j’ai mal mais l’excitation à l’idée de voir ma fille efface tout. Aspect positif de la péridurale qui ne marche pas, je sens presque tout, je sens ma fille sortir, petit à petit. On la pose sur moi. J’éprouve un sentiment de plénitude et de soulagement, j’y suis arrivée ! Là je me dis que le plus dur est derrière moi : 9 mois de grossesse avec ses petits désagréments, les douleurs de l’accouchement, je peux souffler.
NON, m’attendent encore la douleur de la délivrance, je fais une hémorragie, on me soigne, ça dure longtemps. J’ai mal car le médecin ne comprend pas que la péridurale ne fonctionne pas. J’attends, je veux voir ma fille. Quand enfin je peux la prendre dans mes bras, je n’ai plus mal je suis sereine.
3 jours après la naissance de ma fille, j’ai à nouveau mal. Je dis à barbe de 4 jours que finalement je ne veux que deux enfants. Je suis épuisée par une anémie inquiétante, on doit me garder 2 jours de plus pour me faire des perfusions de fer. A cause de mon anémie, ma fille a été gardée à la crèche une nuit, ça n’a servi à rien, je n’ai pas dormi sans elle près de moi et j’ai eu une montée de lait très douloureuse qu’elle na pas pu soulager. J’ai mal aux seins, une sage-femme m’aide, heureusement.
4 et 5 jours après l’accouchement, on me fait des perfusions de fer. Moi qui avais peur des picouses je suis servie, des perfusions pendant plusieurs heures, je suis ravie. J’ai peur d’avoir mal alors que je viens de vivre un accouchement … un peu absurde à nouveau.
Une semaine après l’accouchement, je suis à la maison, je vais mieux mais j’ai très mal à la main depuis la dernière perfusion. Elle a étrangement gonflé tout autour de la piqure. La pharmacienne dit que ça arrive parfois … peut-être mais ma main me fait incroyablement mal, surtout quand je suis allongée, or je suis censée me reposer. Barbe de 4 jours me fait des compresses d’alcool pour me soulager, heureusement qu’il est là. Au bout d’un jour, je lui dis en larmes que je ne peux plus, je n’en peux plus d’avoir mal. En une semaine, j’ai eu plus mal que durant toute ma vie, je ne veux plus supporter une seule douleur, je veux récupérer mon corps que je vis alors comme un fardeau. Je veux juste être bien physiquement pour profiter de mon bonheur d’être mère.
… depuis les larmes sont passées, il n’est plus question ni d’adopter le prochain, ni de n’avoir que deux enfants. Et ne nous y trompons pas, j’ai adoré vivre la naissance de ma fille (tout le paradoxe d’être parent !) mais je garde en mémoire toute cette douleur. La maternité a changé ma vision et mon rapport à la douleur. Comme dirait Florence Foresti, j’ai presque l’impression d’avoir connu la guerre, ma guerre à moi contre mon corps et contre la douleur. Mon prochain accouchement je veux le vivre avec mon corps et non plus contre lui, le vivre plus sereinement.
(Illustration de Je veux un bébé.)
Perso je ne m’attendais pas du tout a une si GRANDE douleur, c’est vraiment insupportable, même si le résultat est magnifique!!!
tu en veux combien des enfants?
je ne m’attendais pas non plus à souffrir autant, et pourtant j’ai même pas crié, j’ai tout gardé à l’intérieur mais put**n qu’est ce que ça fait mal..
C’est parfois dur de se dire qu’il faudra repasser par là même si on sait qu’après la douleur s’efface ..
Parfait ce billet. Merci de nous avoir fait partager ces moments !
anais : on en voudrait 3, dans l’idéal biensur et puis on va déjà en faire 2 d’abord ! La douleur est intense c’est sur mais c’est à la mesure de l’évènement je dirais !
fleur : moi non plus, je n’ai pas crié mais je me rappelle m’être agrippée aux meubles que je trouvais sous la main puis aux draps !
La Fée Passie : merci à toi !
Oh mon Dieu!!!! Ca n’a pas du être facile…
Moi arrivée à terme j’ai commencé à faire une forte fièvre du coup ils m’ont provoqué l’accouchement bien entendu je n’ai pas pu avoir de péridurale pour cause de 40° de fièvre. Fatiguée je croyais crever tellement cette douleur était horrible je n’avait pas de contractions mais UNE contraction qui a duré des heures… Je me rappelle que c’est la pire douleur mais je ne me souvient plus l’intensité si tu veux. Du coup je continue de chouiner lorsque j’ai une prise de sang ou dentiste je suis resté douillette.
Alors je t’avoue que là j’ai drôlement peur pour mon accouchement… Ca va j’ai encore qq mois!
Bises
très bien ton article…tu as su trouver les mots…je ressens la même chose que toi…
En plus, moi je on m’a diagnostiquée fibromyalgique aux deux mois de mon deuxième…c’est dur, la douleur maintenant c’est tout le temps, ou presque…….
mais comme tu dis, c’est un paradoxe d’être mère, car tout ça ne m’empêche pas d’avoir envie d’un troisième enfant, d’avoir envie d’petre enceinte et d’accoucher….
bises!
Haaa ça fait du bien de lire la vérité! On n’est pas assez préparées.La plupart des mères nous sortent des idioties du genre : oh non j’ai rien senti, cette naissance était parfaite. Du coup quand on se retrouve à leur place on ne s’y attend pas à cette douleur et ça fait encore plus mal.
je me dis qu’après un accouchement on peut tout surmonter niveau douleur loool
je dis souvent « non mais attend j’ai vécu un accouchement je peux bien vivre ça! »
et pourtant ça reste un merveilleux souvenir !!
lili, il parait que les accouchements provoqués sont plus douloureux. Je te souhaite un accouchement qui arrive de lui-même cette fois-ci, même si tu vas douiller, ça devrait être plus gérable que pour le premier.
samdalia, j’en ai bavé mais j’ai presque hâte de revivre tout ça … maso les mamans. Ta fibromyalgie est liée à tes grossesses ?
cremlystella, je trouve aussi qu’on n’est pas assez préparées et je ne comprends pas trop la langue de bois autour de tout ce qui touche aux désagréments de la grossesse, de l’accouchement et des débuts avec bébé. Ça n’enlève absolument pas l’aspect merveilleux de toute cette période. La preuve en est qu’on veut souvent s’y remettre !
Titisse Biscus, moi j’ai encore peur, malgré tout ce que j’ai vécu.